Passer quatre années à l’ENS, ce n’est pas rien ! Cela fédère et tisse des liens durables entre les élèves : soirées d’intégration, colocations, galères de révisions, débats et échanges passionnés, volonté de faire bouger les choses et de faire avancer la discipline, etc. D’où l’idée initiale des "pionniers", première promotion recrutée en 2002, de fédérer ces échanges par le biais d’une association d’élèves propre au département EPS de l'époque.
Le principe était de créer une structure pour conserver et entretenir des contacts amicaux et professionnels entre les élèves, organiser des événements et des rassemblements, mais aussi aider les nouvelles promotions.
Les deux premières années de vie du département ont été caractérisées par un certain vide scolaire que l’on ne voulait pas voir se reproduire. L’arrivée de l’équipe enseignante dès la troisième année a complètement changé la donne. C'est donc en 2005 que ces mêmes élèves, grandis par ces débuts tumultueux et forts de la nouvelle dynamique du département, relancent l’idée de création d’une association.
Complétant les objectifs initiaux, l’ambition était également de créer une structure associative permettant d’encourager des réflexions avec pour point central "comment relier la théorie (ce que nous permet d’approfondir notre cursus à l’ENS) et la pratique (les problématiques professionnelles des enseignants sur le terrain au contact des élèves et des réalités établissements) ?".
Finalement, c’est le 8 mars 2007 que "L'Association des Elèves de l’ENS département EPS" paraît au journal officiel.
L’A3EPS est donc une association très jeune qui s’est fortifiée et développée sous l’effet de la dynamique des nouveaux adhérents. Le premier témoin de l’équipe dirigeante a été transmis en 2008.
En 2008, le département EPS change de nom et devient 2SEP (Sciences du Sport et Éducation Physique).
De fait, ce département de l'ENS regroupe deux grandes thématiques : la recherche en STAPS et l'enseignement de l'EPS.
La volonté du département de faire apparaître le versant recherche dans son nom est donc tout à fait légitime. Cependant l'association a décidé en AG de conserver son nom. Ce n'est en aucun cas par volonté d'opposition.
Deux raisons ont été évoquées : le besoin d'améliorer notre lisibilité, et le travail de quelques années qui aurait été freiné par un changement de nom ; le fait que la majorité des élèves issus du département soient investis dans l'EPS, puisque c'est cette discipline qui est à l'origine de la création de l'association, et c'est elle qui animent toujours les Journées de l'A3EPS (JA3).
Néanmoins, si la plupart de nos actions et de nos projets sont centrés sur l’EPS, l’A3EPS n’a pas pour objectif de réunir les défenseurs de l’EPS et d’exclure les étudiants qui seraient intéressés par la recherche en STAPS, sans lien direct avec la discipline. L'association a également été créée pour entretenir cette diversité et permettre à tous les étudiants de rester en contact.
La définition de ce qu’est ou de ce que doit être l’ENS est à l’origine de débats importants.
Officiellement, les ENS "préparent, par une formation culturelle et scientifique de haut niveau, des élèves se destinant à l'enseignement universitaire et dans les classes préparatoires aux grandes écoles, à la recherche scientifique fondamentale ou appliquée". À ce titre, la formation fait cohabiter des enseignements de préparation à la recherche avec des cours de préparation à l’agrégation externe d’EPS.
Du côté des professionnels de l’EPS, la question d’une ENS qui "chapeaute" la filière STAPS donne lieu à des réactions contrastées comme en témoigne la discussion qui s’est tenue sur le forum du site internet Pepsteam.
On constate que des reproches sont formulés sur la position "autarcique" de notre école vis-à-vis de l’EPS ainsi que sur la prédominance d’une orientation "recherche fondamentale en sciences de la vie" au détriment du développement de recherches en sciences humaines et sociales voire de la recherches en EPS.
Il y aurait un petit microcosme élitiste autocentré dans sa tour d’ivoire, coupé du monde et des réalités de terrain, et dont le reste de la profession ne voit pas forcément l’intérêt ou les bénéfices. Beaucoup d’enseignants dénigrent ou critiquent l’ENS 2SEP sans connaître finalement qui sont les étudiants ENS, ce qu’ils font, ce qui les animent, ce qu’ils deviennent… Pourtant il faut savoir que, jusqu’à présent, la grande majorité des élèves formés à l’ENS ont un très fort attachement à l’EPS et à l’enseignement et poursuivent une carrière d’enseignant d’EPS dans le secondaire ou le supérieur.
Aussi, en tant qu’élèves ou anciens élèves, nous déplorons cette image élitiste alors que nous ne sommes que des étudiants qui travaillent, galèrent, stressent, réfléchissent, débattent, confrontent leurs idées, s'amusent, ou encore défendent avec passion leurs convictions et leurs valeurs éducatives.
Issus de différentes universités et en provenance de toutes les régions de France, nous avons chacun des formations et des sensibilités différentes. Ainsi, les Normaliens sont avant tout des Stapsiens et des personnes singulières.
Toutefois, nous sommes bien conscients des privilèges qui nous sont accordés (statut de fonctionnaire stagiaire pour les normaliens, facilités de bourses de thèses, qualité des intervenants, petites promotions...) et c'est également notre rôle de renvoyer une toute autre image à travers une double ambition de communication et d'ouverture de notre association.
Ce métissage qui caractérise chacune de nos promotions est une richesse incroyable et une des caractéristiques fortes de l’ENS. Nous suivons par ailleurs exactement la même formation (licence et master) que tous les autres étudiants français inscits à l'université, en étant intégrés aux promotions de l’UFR STAPS de Rennes 2. Nous faisons ainsi des stages en collèges, en lycées, sur le terrain, au contact d’élèves et d’enseignants.
La formation ENS vient ainsi se greffer lors des deux premières années avec deux volets, d’un côté l’initiation à la recherche en Sciences de la Vie (SVS) et en Sciences Humaines et Sociales (SHS), répondant aux objectifs de formation d’enseignants-chercheurs en STAPS, et d'un autre côté des cours de préparation à l’agrégation d’EPS, répondant à l’objectif de formation d’enseignants d’EPS pointus. La grande différence vient finalement avec la troisième année, lors de cette fameuse année de préparation à l’agrégation. L’ENS nous offre la possibilité pendant une année de nous consacrer pleinement à la réflexion sur la discipline EPS, par une formation de haut niveau qui cherche à allier connaissances scientifiques et problématiques professionnelles. Cette année-là est pour la très grande majorité d’entre nous une expérience très marquante dont nous ressortons tous transformés : d’un côté par la difficulté et la quantité de travail qu’elle nous impose, qui au passage a pour effet de renforcer encore plus nos liens intra-promo, et de l’autre par les compétences et connaissances solides qu’elle nous permet d’acquérir en rapport à la discipline EPS.
Le mérite de l’ENS, c’est finalement de donner chaque année la possibilité à une dizaine d'étudiants d’être rémunérés et d’aborder sereinement leurs études et leur avenir professionnel, et ainsi d’avoir la possibilité de pouvoir prendre le temps de se poser des questions, de mener des projets et des actions. Ainsi, par le biais de l’A3EPS (mais aussi bien entendu par nos activités dans les établissements ou les facultés), nous souhaitons battre en brèche cette image qui nous colle tant à la peau en nous faisant davantage connaître et en nouant des relations avec d’autres structures pour impulser des réflexions sur l’EPS. Pour répondre plus concrètement à la question, nous envisageons justement lors de nos " Journées de l’A3EPS " (JA3) de lancer un débat sur la place et le rôle de l’ENS dans le paysage des STAPS et de la discipline EPS.
Après l'intervention de Didier Delignières (intervenant régulier dans la formation à l'ENS) lors des 10 ans du département, et après la publication d'un éditorial dans la revue "Movement & Sport Sciences" (ex "Science et Motricité"), l'A3EPS répond ouvertement à la communauté STAPS et EPS sur le rôle que devraient tenir les Normaliens dans cette (ces) communauté(s).
Cette réponse constitue un acte militant dans la définition de la place, du rôle et de l'identité de l'A3EPS. Jérôme Visioli et Olivier Kirzin, principaux intervenants lors de la préparation à l'agrégation externe, donnent aussi leur point de vue dans les numéros 4 et 5 du bulletin de l'A3EPS.
Juin 2014, l'association se relève après quelques années mouvementées opposant ses membres sur le nom que doit prendre l’association, reflétant ainsi les divergences concernant ses objectifs et ses missions.
La diversité des élèves, des étudiants, des parcours professionnels et des ambitions personnelles rend difficile son unité autour de préoccupations communes. De plus, l’ouverture du département aux sciences du sport et aux champs thématiques pluridisciplinaires des STAPS accroît cette diversité et cette multiplication des parcours, qui ne sont pas forcément tous tournés vers l’enseignement de l’EPS.
En 2016, un travail de synthèse par questionnaires a alors été mené auprès des élèves et anciens élèves sur la perception qu’ils avaient de l’association et de l’identité qu’ils voudraient lui donner. Au travers de cette enquête, nous avons pu nous rendre compte de façon plus " objective " du manque d’intérêt des nouvelles générations vis-à-vis de l'association, parfois loin de leurs préoccupations ou simplement mal connue.
Nous avons donc cherché à créer une nouvelle dynamique pour tenter de mieux relier les générations entre elles au travers d'une mentalité plus ambitieuse à l'origine de l'organisation de moments partagés et fédérateurs. Cette dynamique est passée par un changement de nom de l’association, qui est devenue " A3 ", pour plusieurs raisons :
a) cet acronyme était souvent utilisé pour appeler l’association et gardait donc " l’identité originelle " de l’association ;
b) le " 3 " représente les 3 domaines d’activité de l’association (recherche, EPS et concours) ;
c) cet acronyme était plus " neutre " au regard des différents conflits qu’il y a pu avoir entre le département, l’association et les élèves (nous n’avons pas fait le choix d’appeler l’association 2SEP mais nous avons gardé un nom propre) ;
d) l’acronyme parle avant tout des élèves dans sa dénomination plus complète (association des actuels et anciens élèves).
Mais au-delà de ce changement de nom lors de l’AG en 2016, c’est surtout une dynamique qui a été lancée avec des chantiers importants dans plusieurs domaines et un investissement de personnes très différentes. Le choix était plutôt celui de ne plus discuter de notre identité, de ce que l'on doit faire, de ce que l'on est, mais plutôt d’agir, de mener des actions, de laisser les membres de l’association monter des projets. C’est comme cela que l’association construit son identité et avance.
Les points de friction existent encore, au regard des profils des différents membres, mais une association vit de ses acteurs et de ses actions. Il paraissait donc important de relancer cette dynamique d’action et de laisser de côté les discussions houleuses qui ont freiné pendant plusieurs années la vie de l’association, et qui lui ont surtout fait perdre des membres précieux. L’objectif était aussi de pouvoir retisser des liens avec le département par l’organisation d’événements et d’actions communes ("Rencontres avec...", par exemple).
C’est donc dans la continuité de cette histoire que l’association a changé de nom, sans pour autant perdre ses ambitions initiales : partager des moments conviviaux (accueil des nouveaux élèves, weekend de début d’année, etc.), organiser des moments de réflexions (journées thématiques, soirées rencontres, JA3), et être actifs dans les formations (aide au concours d’entrée, aux concours de l'enseignement).
Le plus important dans cette association, c’est de garder du lien entre nouveaux élèves et anciens élèves, que chacun puisse partager ses expériences et se construire tout au long de sa formation et même après. Ce lien doit être permis par les moments organisés par l’association, mais aussi par tout un réseau qui se créé au fur et à mesure des années, et qui s’ouvre et s'enrichit de l’extérieur.